12 janvier 2014

Pizzone 1865


Pizzone.
Photographie par Alfonso Notardonato.
Maria Cristina Di Benedetto, mon arrière grand-mère et mère d’Emiddio, est née le 4 avril 1865 à Pizzone, un village du 10° siècle, entouré par les monts La Mainarde et Meta, dans le Molise, une petite région montagneuse d’Italie, à une centaine de kilomètres au sud est de Rome.

Sa naissance a été enregistrée au bureau du Stato Civile de Pizzone, qui a noté qu’elle a été présentée par son père, Pasquale, et que sa grand-mère paternelle, Francesca Di Vito, était témoin. Le Sindaco, le maire de l’époque, a ensuite signé le document. Plus de 10 ans auparavant, de 1854 à 1856, le père de Cristina avait été Sindaco. Pendant sa première année de maire, son fils Antonio était né. Sur l’Atto di Nascita, l’acte de naissance, Pasquale figure en tant que un proprietario, un propriétaire terrien. Mais à l’époque de la naissance de Cristina, sa situation s’était dégradée. Il était à présent un contadino, un fermier qui louait une terre, un paysan. L’unification de l’Italie, commencée en 1861, avait entrainé une période de difficultés économiques dans l’Italie du sud. Cela a probablement été la cause des revers de Pasquale. De nombreux Italiens du sud ont perdu leur terre à cette époque.

D’autres ennuis ont suivi. L’enfant Antonio n’a pas survécu. Pasquale et son épouse Felicita Di Iorio (les femmes italiennes ne prenaient pas le nom de leur mari) ont perdu leurs trois premiers enfants. La mortalité infantile était élevée dans cette partie de l’Italie pendant la seconde moitié du 19° siècle. Il était courant que les femmes de cette époque soient enceintes chaque année ou presque pendant 20 ans. Perdre trois enfants n’était pas rare. L’infortuné bébé était souvent inhumé dans sa robe de baptême. Le minuscule cercueil était transporté sur une planche ou un plateau de table en procession jusqu’au cimetière, un porteur à chaque coin. Quelquefois, seule la mère portait le cercueil, en équilibre sur sa tête.

Le campanile de San Nicola.
Photo de l’auteur.
C’est peut-être à cause de la fréquence des décès qu’on avait coutume de baptiser rapidement les nouveau-nés. Cristina fut baptisée le lendemain de sa naissance, dans l’église San Nicola. Construite en 1318, San Nicola était La Madre Chiesa pour les Pizzonesi, depuis plus de cinq siècles. Les pages du registre des baptêmes pour l’année 1865 portaient encore le sceau de Terra di Lavoro, l’ancien nom donné à la province avant l’unification, alors que Pizzone faisait partie du Regno delle Due Sicilie, le Royaume des Deux Siciles. Terra di Lavoro, Terre de Labour, dit avec justesse ce qu’était cette rude contrée où Cristina allait grandir. Mais pour le moment, devant Santucci, l’archevêque de San Nicola, elle était encore bien loin de tout cela, portée dans les bras de son père, sa mère à ses côtés, ainsi que ses padrini, marraine et parrain, Angelamaria, la jeune sœur de sa mère, et son mari Giovanni Di Vito.


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